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lpa | 07 juillet 2024 | 483 vues

Grands-lacs : la ville de Bujumbura et Uvira se partagent les souffrances sur la carence du carburant

Les échanges commerciaux des produits pétroliers qui se sont accentués entre la ville d'Uvira en RDC et le Burundi depuis plusieurs mois continuent à produire ses effets dans ces deux pays qui partagent des bonnes relations bilatérales dans la région des Grands-lacs.

Depuis le début de la carence du carburant en République du Burundi, dont l’impact sur les activités socio-économiques s’est fait remarquer, notamment sur le transport et d’autres activités commerciales, nombreux sont les Burundais qui ont opté d’importer le carburant depuis la ville d’Uvira en RDC afin de faire face à cette carence.

À Bujumbura, la course de trans-ville a vu son prix revu à la hausse, ce qui a également impacté sur d’autres activités commerciales sur le marché. Le retard d’arriver à des endroits de travail se fait remarquer, car plusieurs personnes devraient faire le pied, comme plusieurs véhicules qui exercent le transport en ville ne sont plus en activité attendant d’être approvisionnés en carburant sur des stations-service. On peut voir les véhicules, Bajaj, motos faire la queue sur des stations pendant plus d’une semaine sans être servis, bien que ce soit à un prix exorbitant.

Face à cette situation, la ville d’Uvira en RDC reste l’unique refuge pour avoir le carburant pouvant soulager cette peine au burundais qui, malheureusement, ne savent pas à quel saint se vouer. Pendant ce temps, la frontière congolo-burundaise de Kavimvira, inondée par les eaux du lac Tanganyika et de la lagune Nyangara, n’a pas rendu la tâche facile à ces citoyens qui ont transformé ce commerce en activité de routine pour aussi faire vivre leurs familles. D’autre part, des pistes sont débouchées sur la rivière Ruzizi sous la facilitation de certains agents de sécurité qui en tirent aussi profit.

Certains chauffeurs traversent pour venir se procurer du carburant, d’autres l’achètent aux petits commerçants dans des bidons et bouteilles clandestinement, bien que ce commerce ambulant semble être interdit après l’incendie qui s’est produit au poste frontalier de Kavimvira.

Les stations-services d’Uvira se font vider

Le commerce du carburant semble prendre un niveau assez élevé dans la ville et le territoire d’Uvira, en province du Sud-Kivu, pour non pas seulement les petits commerçants tant congolais que burundais qui ont envahi toutes les stations-services pour acheter en gros le carburant et le vendre à un bon prix aux burundais, il y a aussi certains agents de sécurité qui en tirent profit.

Ces agents facilitent le trafic du carburant des postes et pistes frontaliers entre la RDC et le Burundi où ils sont payés pour laisser passer ce produit pétrolier et renflouent leurs poches au dos des commerçants et au détriment du trésor public.

On peut voir des centaines de bidons qui viennent trouver du carburant sur chaque station-service. « Ils commencent à faire la queue pour être servis. Les commerçants locaux, les transporteurs et d’autres nationaux ont maintenant difficulté d’accéder au carburant », dénonce un acteur de la société civile interrogé par la rédaction de la presse africaine. 

À Uvira, le 1 litre du carburant aux vendeurs communément appelés « Kadhafi » a automatiquement passé de 3500 FC à 8000 FC en une seule journée, car plusieurs stations sont actuellement vidées du carburant depuis le vendredi 5 juillet 2024.

« Même à ce prix, c’est difficile de trouver du carburant », indique monsieur Luc Mashimango, chauffeur de Bajaj.

Du côté du transport, le prix a également galopé au petit matin du vendredi où la course de 500 FC est passée automatiquement à 1000 FC et celle de 1000 FC est passée à 2000 FC, voire 2500 FC. « C’est un peu incompréhensible de se réveiller et constater que le prix a varié comme ça. On croirait à une escroquerie organisée par certains transporteurs », regrette madame Furaha, habitante de la ville d’Uvira interrogée par le reporter de la presse africaine.

Presque la même situation que connaît le Burundi depuis le début de cette carence du carburant, mais c’est avec une autre tournure pour la ville d’Uvira où le prix des produits et des transports ne sont pas contrôlés par les autorités en place.

« Chacun fixe le prix selon son bon vouloir », constate le reporter de la presse africaine.

Lire aussi: lapresseafricaine.net/article/sud-kivu-les-techniciens-expliquent-l-augmentation-du-prix-des-produits-petroliers-a-uvira/307

Des indignations partagées

Plusieurs organisations de la société civile et acteurs socio-économiques sont passées à l’action pour dénoncer la pratique, car, selon le mouvement citoyen de lutte contre les anti-valeurs MCLA RDC, les désavantages de cette situation commerciale priment sur les avantages.

La coordination de cette structure déplore le désordre qui a vite caractérisé la vente du carburant, d’abord à la frontière de Kavimvira et dans d’autres coins de la ville et du territoire d’Uvira. « Que les autorités prennent des dispositions urgentes pour régler cette situation », souligne Monsieur Alphonse Mufariji.

Le 4 juillet dernier, l’administrateur du territoire d’Uvira a vite signé une décision portant interdiction de trafic du carburant et autres produits à travers les pistes frontalières débouchant sur la rivière Ruzizi à destination du Burundi, chargeant le commandant des FARDC dans le secteur opérationnel Sokola II sud Sud-Kivu à faire respecter cette mesure.

Qu’est-ce qu’il faut pour réguler cette situation ?

La responsabilité dans cette situation est partagée entre les autorités locales, provinciales et les opérateurs dans le secteur du pétrole. Pour réguler cette dernière, les autorités doivent s’impliquer et prendre des décisions avec réserve et sagesse afin d’interdire cette exportation incontrôlée, afin d’éviter d’impacter sur la bonne relation bilatérale qui existe entre les deux pays de la région, surtout sur le plan sécuritaire, économique et autres secteurs qui sont en bon terme. C’est ce que pense Maître Ghislain BARHAHIGA de l’observatoire Droits, justice et gouvernance locale pour la cohésion sociale ODJG-CS.

Selon lui, la situation requiert également la prise de conscience de la part des opérateurs dans ce secteur qui doivent comprendre qu’il ne faut pas satisfaire le voisin tout en sacrifiant sa population locale.


Pascal BAHUNDE - LPA Uvira



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