Grands-lacs : la ville de Bujumbura et Uvira se partagent les souffrances sur la carence du carburant
Les échanges commerciaux des produits
pétroliers qui se sont accentués entre la ville d'Uvira en RDC et le Burundi depuis plusieurs
mois continuent à produire ses effets dans ces deux pays qui partagent des
bonnes relations bilatérales dans la région des Grands-lacs.
Depuis le début de la carence du
carburant en République du Burundi, dont l’impact sur les activités
socio-économiques s’est fait remarquer, notamment sur le transport et d’autres
activités commerciales, nombreux sont les Burundais qui ont opté d’importer le
carburant depuis la ville d’Uvira en RDC afin de faire face à cette carence.
À Bujumbura, la course de trans-ville a
vu son prix revu à la hausse, ce qui a également impacté sur d’autres activités
commerciales sur le marché. Le retard d’arriver à des endroits de travail se
fait remarquer, car plusieurs personnes devraient faire le pied, comme
plusieurs véhicules qui exercent le transport en ville ne sont plus en activité
attendant d’être approvisionnés en carburant sur des stations-service. On peut
voir les véhicules, Bajaj, motos faire la queue sur des stations pendant plus
d’une semaine sans être servis, bien que ce soit à un prix exorbitant.
Face à cette situation, la ville d’Uvira
en RDC reste l’unique refuge pour avoir le carburant pouvant soulager cette
peine au burundais qui, malheureusement, ne savent pas à quel saint se vouer.
Pendant ce temps, la frontière congolo-burundaise de Kavimvira, inondée par les
eaux du lac Tanganyika et de la lagune Nyangara, n’a pas rendu la tâche facile
à ces citoyens qui ont transformé ce commerce en activité de routine pour aussi
faire vivre leurs familles. D’autre part, des pistes sont débouchées sur la rivière
Ruzizi sous la facilitation de certains agents de sécurité qui en tirent aussi
profit.
Certains chauffeurs traversent pour
venir se procurer du carburant, d’autres l’achètent aux petits commerçants dans
des bidons et bouteilles clandestinement, bien que ce commerce ambulant semble
être interdit après l’incendie qui s’est produit au poste frontalier de
Kavimvira.
Les stations-services d’Uvira se font vider
Le commerce du carburant semble prendre
un niveau assez élevé dans la ville et le territoire d’Uvira, en province du
Sud-Kivu, pour non pas seulement les petits commerçants tant congolais que
burundais qui ont envahi toutes les stations-services pour acheter en gros le
carburant et le vendre à un bon prix aux burundais, il y a aussi certains
agents de sécurité qui en tirent profit.
Ces agents facilitent le trafic du
carburant des postes et pistes frontaliers entre la RDC et le Burundi où ils
sont payés pour laisser passer ce produit pétrolier et renflouent leurs poches
au dos des commerçants et au détriment du trésor public.
On peut voir des centaines de bidons qui
viennent trouver du carburant sur chaque station-service. « Ils commencent à faire la queue pour
être servis. Les commerçants locaux, les transporteurs et d’autres nationaux
ont maintenant difficulté d’accéder au carburant », dénonce un
acteur de la société civile interrogé par la rédaction de la presse
africaine.
À Uvira, le 1 litre du carburant aux
vendeurs communément appelés « Kadhafi » a automatiquement passé de 3500 FC à
8000 FC en une seule journée, car plusieurs stations sont actuellement vidées
du carburant depuis le vendredi 5 juillet 2024.
« Même à ce prix, c’est difficile de trouver du carburant
», indique monsieur Luc Mashimango, chauffeur de Bajaj.
Du côté du transport, le prix a
également galopé au petit matin du vendredi où la course de 500 FC est passée
automatiquement à 1000 FC et celle de 1000 FC est passée à 2000 FC, voire 2500
FC. « C’est un peu
incompréhensible de se réveiller et constater que le prix a varié comme ça. On
croirait à une escroquerie organisée par certains transporteurs », regrette madame
Furaha, habitante de la ville d’Uvira interrogée par le reporter de la presse
africaine.
Presque la même situation que connaît le
Burundi depuis le début de cette carence du carburant, mais c’est avec une
autre tournure pour la ville d’Uvira où le prix des produits et des transports
ne sont pas contrôlés par les autorités en place.
« Chacun fixe le prix selon son bon vouloir », constate le reporter de la presse africaine.
Des indignations partagées
Plusieurs organisations de la société
civile et acteurs socio-économiques sont passées à l’action pour dénoncer la
pratique, car, selon le mouvement citoyen de lutte contre les anti-valeurs MCLA
RDC, les désavantages de cette situation commerciale priment sur les avantages.
La coordination de cette structure
déplore le désordre qui a vite caractérisé la vente du carburant, d’abord à la
frontière de Kavimvira et dans d’autres coins de la ville et du territoire
d’Uvira. « Que les autorités
prennent des dispositions urgentes pour régler cette situation »,
souligne Monsieur Alphonse Mufariji.
Le 4 juillet dernier, l’administrateur
du territoire d’Uvira a vite signé une décision portant interdiction de trafic
du carburant et autres produits à travers les pistes frontalières débouchant
sur la rivière Ruzizi à destination du Burundi, chargeant le commandant des
FARDC dans le secteur opérationnel Sokola II sud Sud-Kivu à faire respecter
cette mesure.
Qu’est-ce qu’il faut pour réguler cette
situation ?
La responsabilité dans cette situation
est partagée entre les autorités locales, provinciales et les opérateurs dans
le secteur du pétrole. Pour réguler cette dernière, les autorités doivent
s’impliquer et prendre des décisions avec réserve et sagesse afin d’interdire
cette exportation incontrôlée, afin d’éviter d’impacter sur la bonne relation
bilatérale qui existe entre les deux pays de la région, surtout sur le plan
sécuritaire, économique et autres secteurs qui sont en bon terme. C’est ce que
pense Maître Ghislain BARHAHIGA de l’observatoire Droits, justice et gouvernance
locale pour la cohésion sociale ODJG-CS.
Selon lui, la situation requiert également la prise de conscience de la part des opérateurs dans ce secteur qui doivent comprendre qu’il ne faut pas satisfaire le voisin tout en sacrifiant sa population locale.
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