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lpa | 13 juin 2025 | 203 vues

Les stéréotypes et rumeurs : des racines invisibles aux frustrations sociales dans la région des Grands Lacs « attention »

Depuis quelques jours, une information circulant sur les réseaux sociaux dans la ville d’Uvira alimente les débats et attise les tensions : elle affirme que les motards burundais seraient en majorité responsables des accidents de circulation routière sur la voie publique. Une rumeur qui, selon certaines sources, aurait été renforcée par les propos d’un responsable de la police de la circulation routière, à la suite d’un tragique accident où deux jeunes motards d’origine burundaise ont perdu la vie.

Cette généralisation de faits a eu pour conséquence directe une montée de la méfiance et un climat de suspicion envers les conducteurs burundais opérant à Uvira dans la province du Sud-Kivu, RDC. Plusieurs d’entre eux dénoncent aujourd’hui des actes de discrimination et un sentiment croissant de marginalisation. « Depuis que cette rumeur a circulé, certains clients refusent de monter sur nos motos simplement parce qu’ils entendent qu’on est Burundais. C’est injuste et décourageant », témoigne un motard installé à Uvira depuis plus de cinq ans. Chez les passagers, la peur gagne aussi du terrain. Certains préfèrent désormais éviter les motos conduites par des Burundais, redoutant un potentiel accident. Une attitude qui semble se baser davantage sur des perceptions que sur des faits vérifiés.

Pourtant, selon plusieurs observateurs locaux, il n’existe actuellement aucune statistique officielle démontrant que les motards burundais sont effectivement plus impliqués dans les accidents que leurs homologues congolais.

« Ce genre de généralisation est extrêmement dangereux dans une ville frontalière comme Uvira, où la population est historiquement mélangée. Cela menace la cohésion sociale », alerte un analyste de la société civile.

Face à la montée des tensions, le coordinateur de l’organisation Initiative pour la réconciliation communautaire « INIREC » appelle à la retenue et à la responsabilité. Il dénonce et qualifie cette pratique comme une stigmatisation tout en rappelant que les stéréotypes peuvent facilement conduire à des actes de violences intercommunautaires. « Il ne faut pas juger une communauté entière sur base d’un ou deux incidents commis par un individu. Les accidents arrivent, quelle que soit la nationalité du conducteur », souligne Bani Bibenga Georges.

La situation à Uvira rappelle à quel point la parole publique, notamment sur les réseaux sociaux, peut influencer les perceptions et exacerber les tensions. Dans un contexte fragile, il est essentiel de combattre les généralisations abusives et de promouvoir le vivre-ensemble. Les rumeurs ne doivent pas diviser, mais alerter sur la nécessité de mieux réguler la sécurité routière sans discrimination.


Article rédigé dans le cadre de la campagne vrai ou faux exécutée par la Corporation des Médias en Ligne d’Uvira, Fizi et Mwenga « COMEL-RDC » en collaboration avec la SYMUF.



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