Les stéréotypes et rumeurs : des racines invisibles aux frustrations sociales dans la région des Grands Lacs « attention »
Depuis quelques jours, une information circulant sur les réseaux sociaux dans la ville d’Uvira alimente les débats et attise les tensions : elle affirme que les motards burundais seraient en majorité responsables des accidents de circulation routière sur la voie publique. Une rumeur qui, selon certaines sources, aurait été renforcée par les propos d’un responsable de la police de la circulation routière, à la suite d’un tragique accident où deux jeunes motards d’origine burundaise ont perdu la vie.
Cette généralisation de faits a eu pour conséquence
directe une montée de la méfiance et un climat de suspicion envers les
conducteurs burundais opérant à Uvira dans la province du Sud-Kivu, RDC.
Plusieurs d’entre eux dénoncent aujourd’hui des actes de discrimination et un
sentiment croissant de marginalisation. « Depuis que cette rumeur a circulé,
certains clients refusent de monter sur nos motos simplement parce qu’ils
entendent qu’on est Burundais. C’est injuste et décourageant », témoigne un
motard installé à Uvira depuis plus de cinq ans. Chez les passagers, la peur
gagne aussi du terrain. Certains préfèrent désormais éviter les motos conduites
par des Burundais, redoutant un potentiel accident. Une attitude qui semble se
baser davantage sur des perceptions que sur des faits vérifiés.
Pourtant, selon plusieurs observateurs locaux, il
n’existe actuellement aucune statistique officielle démontrant que les motards
burundais sont effectivement plus impliqués dans les accidents que leurs
homologues congolais.
« Ce genre de généralisation est
extrêmement dangereux dans une ville frontalière comme Uvira, où la population
est historiquement mélangée. Cela menace la cohésion sociale », alerte un analyste de la société civile.
Face à la montée des tensions, le coordinateur de
l’organisation Initiative pour la réconciliation
communautaire « INIREC » appelle à la retenue et à la
responsabilité. Il dénonce et qualifie cette pratique comme une stigmatisation
tout en rappelant que les stéréotypes peuvent facilement conduire à des actes
de violences intercommunautaires. « Il ne faut pas juger une communauté
entière sur base d’un ou deux incidents commis par un individu. Les accidents
arrivent, quelle que soit la nationalité du conducteur », souligne Bani
Bibenga Georges.
La situation à Uvira rappelle à quel point la parole publique, notamment sur les réseaux sociaux, peut influencer les perceptions et exacerber les tensions. Dans un contexte fragile, il est essentiel de combattre les généralisations abusives et de promouvoir le vivre-ensemble. Les rumeurs ne doivent pas diviser, mais alerter sur la nécessité de mieux réguler la sécurité routière sans discrimination.
Article rédigé dans le cadre de la campagne vrai ou
faux exécutée par la Corporation des Médias en Ligne d’Uvira, Fizi et Mwenga
« COMEL-RDC » en collaboration avec la SYMUF.
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