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lpa | 05 décembre 2025 | 303 vues

« Nous avons vu la mort en face »: récit d’un exode massif vers Sange depuis Luvungi

Des milliers de familles, venues du groupement d’Itara Luvungi, convergent en masse vers la cité de Sange dans la plaine de la Ruzizi en territoire d’Uvira, cherchant refuge, nourriture et sommeil dans un rythme qui ne leur a pas laissé le choix. Certains avancent à pied, d’autres sur des vélos grinçants ou des motos qui font office de filets de sauvetage; ceux qui en ont les moyens s’entassent dans des véhicules, espérant gagner quelques mètres de sécurité loin des bombardements qui frappent désormais sans cesse leurs villages.

Dès le matin de ce vendredi 5 décembre 2025, le centre de la cité de Sange s’est mué en point de passage et d’attente. Il n’y a pas encore d’abri suffisant pour accueillir tout ce déploiement. Des sacs, des couvertures et des vêtements usés s’entassent sur le trottoir, tandis que les échanges se font à voix basse: questions pressantes, refus polis des solutions qui ne viennent pas, et ce silence lourd qui suit chaque cri de douleur des déplacés.

Les premiers témoignages recueillis par LA PRESSE AFRICAINE à Sange racontent des bombes qui tombent en désordre dans les habitations et dans les cœurs. « Nous avons été obligés de fuir avec nos familiers parce que, depuis le mercredi, des bombes tombent dans nos cités. Nous assistons à des morts; voilà pourquoi nous ne pouvions pas rester. On ne sait pas d’où viennent ces bombes », raconte BYAMUNGU CISHUGI, déplacé venu du groupement ITARA Luvungi.

Autre récit, plus intime est celui d’une voisine qui a vu une famille être frappée dans une même maison, tuant père, mère et un enfant. « Je ne pouvais plus rester après avoir vu mes voisins mourir à mes yeux », murmure SIFA LAHERI, les yeux encore humides de l’angoisse. Une narration qui exacerbe l’inquiétude des habitants, qui ne demandent qu’un peu de sécurité et de dignité: la possibilité de dormir, de manger, et de voir demain se lever sans craindre le prochain bombardement.

Face à l’ampleur de ce déplacement, l’homme qui porte une voix officielle dans la société civile locale dresse un tableau préoccupant. BYAMUNGU SHAMAMBA Paul, coordonnateur de la nouvelle société civile congolaise dans le territoire d’Uvira, affirme que les habitants du groupement d’Itara Luvungi seul pourraient dépasser les 600 000 âmes, éparpillés sans abris ni moyens pour survivre. « Ces familles viennent de plusieurs villages du territoire d’Uvira dont Luvungi, Katogota, Buheba et dans les hauts plateaux d’Uvira là où les combats font rage entre les rebelles et l’armée congolaise », ajoute-t-il, le regard tourné vers l’intervention urgente des humanitaires afin de ramener un peu de dignité à ces familles qui, le poids des difficultés, n’ont plus que l’espoir comme seul bagage.

À l’heure où ce récit est écrit, le fil des besoins se tisse rapidement. Abris, nourriture, eau potable, soins de base et soutien psychologique en faveur des milliers de personnes qui fuient la violence exacerbant.

Pour ceux qui ont quitté leurs villages, Sange n’est pas une destination; c’est un refuge fragile, parfois instable aussi, mais nécessaire pour survivre dans un premier temps.

Depuis le début de cette semaine, le village de Katogota et Kamanyola sont les théâtres des combats qui opposent les rebelles du M23-AFC avec le soutien de l’armée rwandaise contre les forces armées congolaises et à leurs alliés Wazalendo appuyés par l’armée burundaise.


Récit de PASCAL BAHUNDE – LPA Sud-Kivu



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